mardi 26 août 2008

A l'immense - bis

( Quand j'ai mis en ligne "à l'immense" j'ai hésité à mettre la fin du poëme. En même temps, vous me direz, et vous aurez raison, que la litanie est facile, peut être en effet fallait il couper. Les circonstances me poussent à la suite. J'y pensais à l'hôpital, je cherchais la véritable raison de la coupure. A vous de juger, voilà la version non expurgée)

Beauté qui ne demande rien
Qui ne demande plus
A personne
Qui n'attend que le silence, lorsque la voix s'est tue
Quand les grimaces se sont effacées, et les châteaux écroulés
Beauté timide et maladroite
Qui ne s'accroche à rien d'autre que ton souffle
Beauté sereine dans la douleur
Et rageuse dans l'absence
Reine de l'instant et des couleurs
Beauté jetée sur les plages du désordre
Et tenue dans le fil d'un embrun
A la course battue
A terme à demeure à la fin
Beauté crépitante aux cheveux d'étincelle
Ombre bleue porté sous les yeux
Beauté en guenilles sans livret sans papiers
Echo soudain soudure à l'azur

Beauté ma loyale
Et ma fidèle
Jusque dans tes disparitions
Beauté
Mon désespoir et mon secret

Beauté calculée sur un boulier de rêve
Beauté nuageuse beauté de colère et de fleurs fanées
D'arbres en déroute, de rochers en miette
Beauté confidente à la tumeur
Qui se tient vers la fenêtre en égrenant les secondes
Comptant les battements de la machine
Qui l'accompagne en mesurant la morphine, l'oubli
Et la tranquillité arrachée au glioblastome

Beauté solide
Dans le doute, têtue au cœur de l'immense, pour mettre la main sur notre épaule


lundi 25 août 2008

A l'immense

Beauté qui ne demande rien
Qui ne demande plus
A personne
Qui n'attend que le silence, lorsque la voix s'est tue
Quand les grimaces se sont effacées, et les châteaux écroulés
Beauté timide et maladroite
Qui ne s'accroche à rien d'autre que ton souffle
Beauté sereine dans la douleur
Et rageuse dans l'absence
Reine de l'instant et des couleurs
Beauté jetée sur les plages du désordre
Et tenue dans le fil d'un embrun
A la course battue
A terme à demeure à la fin
Beauté crépitante aux cheveux d'étincelle
Ombre bleue porté sous les yeux
Beauté en guenilles sans livret sans papiers
Echo soudain soudure à l'azur

Beauté ma loyale
Et ma fidèle
Jusque dans tes disparitions
Beauté
Mon désespoir et mon secret

vendredi 22 août 2008

Naissances (2)

L'eau, le fleuve … l'eau, le courant, les tourbillons, la berge, la berge, et puis enfin la glaise sous les doigts, l'odeur d'humus, les racines auxquelles tu t'accroches, les cheveux dans les yeux, un goût sucré dans la bouche, l'herbe haute, encore un mètre les pieds hors de l'eau, et le souffle qui manque et qui te revient, tu dois retrouver la marche, apprivoiser la pesanteur au creux de tes genoux.

Tu aurais pu attendre encore un peu, grandir plus loin, au risque de te perdre dans l'eau, de te liquéfier, et même si tu aimes nager, tu n'as pas le choix des visages que tu croises, des alchimies de hasard, et des secrets que tu aides à éclore. Des sentiments...

mercredi 20 août 2008

Naissances

J'ai traversé les ans comme autant de fleuves : autour de moi le courant glissait, rusé, insatiable et agile. Emporté, j'ai à chaque fois mis le pied sur la berge en découvrant un endroit différent du monde.
Et même si je sais que je me rapproche des lueurs qui courent au dessus de l'horizon, à chaque mouvement des hanches pour m'élever au dessus du bord, je rêve d'un nouveau paysage...

La vie continue, dit on, avec la rapidité demain d'un cœur enfantin au profond du ventre maternel

mardi 19 août 2008

Sur le fil du silence

Equilibriste encore sur le fil du silence
A tâtons
Vos doigts qui tremblent
N'accompagnent plus vos yeux inutiles
Ni les quelques mots asséchés qui percent sous la douleur
Et parfois je l'entends
Elle racle contre les parois du cerveau la tumeur

Sans doute est ce possible parce que les gens se taisent
Encore
Ils secouent leurs visages au dessus du gouffre
Mais ce vide qui vient sous leurs pieds
C'est à partir de vous qu'il faut le combler
Seulement vous

Equilibriste encore sur le fil du silence
Je vous embrasse.

lundi 18 août 2008

Des listes, des jeux et des anars...


Le plus remarquable dans ce dessin, au sens premier du terme, n'est finalement pas le dédain chinois, mais le motif, l'évènement, qui l'a suscité.

Nous croyions les mots "prisonnier politique" et "dissident" englués dans le siècle précédent, au temps de l'Union Soviétique, quand chaque mot passé par-dessus de mur, envoyé via pigeon voyageur du fin fond de la Sibérie, tirait des larmes au premier venu, déclenchait dans le monde libre des tonnerres de protestations, de bonnes indignations, des somptueuses diatribes et qu'aussitôt tombaient dans le ciel d'Afghanistan des chargements d'armes.
Notre P…, habitué qu'il est à confectionner des fiches, à edwiger sans peur ni scrupules, le remet au goût du jour, tout comme le couvert et cette fameuse liste.

A quoi sert t'elle ? Un clin d'œil – je sais ce que tu fais et où tu habite, alors fais gaffe – ou un cadeau – voici ceux qu'il faut abattre, mais je ne t'ai rien dit - ?

Je n'ai pu rire.
Honoré retourne la mise en scène, il montre que pour notre P… le plus dramatique n'est pas le sort des dissidents, mais le nombre de contrats qu'il risque de perdre pour ses amis. Il montre que ce geste n'est rien d'autre qu'une gesticulation à laquelle il se soumet en essayant sans succès d'y croire lui-même.

Au moment où Siné commence à manquer à Charlie, la qualité demeure.

Et une question : que fait finalement notre P…. ?

lundi 11 août 2008

Bribes d'images numériques et tristesse SMS

La photographie dans le téléphone... Et si on mettait le téléphone dans le cadre, à l'angle du miroir. La voix parait si lointaine, le visage un peu flou, la nuit pale, les halos de pixels envahissent ma mémoire, les ondes électriques parcourent ma langue, mes yeux me brûlent.

L'univers magique a aboli la distance mais oublié la chaleur de la peau.

mardi 5 août 2008

Déplions l'avenir

Pour enjamber les gouffres de bêtise, il chausse ses bottes d'arracheur de dents… On déplace les responsabilités, comme on déplace les miroirs.

voir l'article

Aux noyés

Nous savons bien
Que le temps est joueur
Il mise à chaque coup pour gagner

Pour dominer ce monstre si fidèle
Peut être faut il perdre
Son temps

Ainsi, ainsi
Pour ne sortir qu'à l'aube de la table de jeu
Au dernier jeton

Peut être faut il
Pousser les mots devant soi
En murmurant

"Tapis ! "

samedi 2 août 2008

Veille 2.0

Je suis entouré, cerné, par le vert miroitant des tilleuls et je tourne dans un coin de ciel alangui, que capte en rêvant les lentilles paraboliques de l'appareil photo.
Au début il n'y avait que ce chemin clair et poussiéreux, au milieu des champs. C'était hier. Je marchais sans savoir, dans une promenade sans but, identique aux flâneries parisiennes. Les tiges de blé coupé au ras des mottes arrachaient au ciel des lambeaux de nuages. Mais aujourd'hui, mon corbillard s'est arrêté sous les tilleuls.
J'en suis descendu lentement. J'entendais bruisser un carillon lointain. J'ai fait quelques pas vers les fossés. J'ai sorti mon appareil.