samedi 26 avril 2008

Le poéte à la cométe

Va vite, léger peigneur de comètes!
Les Amours jaunes (1873), Tristan Corbière

Si tu veux bien y croire… il y a des poux sur les cheveux de la comète. Je te jure on dirait des paillettes échappées d'un kaléidoscope, je te le jure, c'est comme des grains de sable que l'on aurait jetés dans l'air… je te promets je l'ai vu ce soir, je fumais une cigarette sur le balcon, tout d'un coup tout s'est éteint, c'est pour ça que j'ai vu au dessus moi cette belle comète, avec ses paillettes ou ses poux si tu préfères, si tu veux, je te montrerai, allez, viens voir, juste au dessus de l'immeuble d'en face, tu vois, on lui fera un doux shampoing de nuages et on ira la peigner, on lui passera le fil, je te jure sur le tête de ma tasse, regarde, même au fond, quand il y a du café, on dirait des paillettes, et une belle comète…

mardi 22 avril 2008

Bande passante

A construire
Des châteaux de sable mou
A détruire
Des pains à la mie trop sèche
A avoir
Les mains sur le bois et la tête sur le papier
L'œil pour veiller sur les niveaux de silicium, pour s'endormir devant des écrans qui tremblent
Toujours à faire et défaire et refaire
Détruire ou construire
Il y a tant
De moniteurs à jeter par les fenêtres des hôpitaux
De mains à serrer entre deux cigarettes
Tout est cousu décousu recousu à même nos peaux
Le fil, le fil, le fil dis moi j'ai peur de tout perdre

lundi 21 avril 2008

A tous les petits mammifères

A tous les petits mammifères que nous sommes, s'il y avait des fautes, s'il y avait des miroirs, si il y avait rien d'autre que la mélancolie, celle qui nous met au sec, même sous les pluies motrices, à moins qu'un Bertrand plus tard, nous nous aventurions là où il ne faut pas…

une passante (voilà c'est fait)

Je voudrais revoir le voile pudique que laisse la pluie sur vos joues
La même pluie qui ruisselle et perle à vos yeux
Quand je vous attendrai à la sortie du travail
Debout sous le porche nous serons battus par avance
Par cette pluie encore qui tombe oblique si entêtée à nous toucher
Mais d'ici là
Mais d'ici là
Je suis vivant et j'attends quelqu'un

vendredi 18 avril 2008

Une passante

Je voudrais revoir le voile pudique que laisse la pluie sur vos joues
La pluie qui ruisselle et perle à vos yeux
Quand vous attendez à la sortie du travail
Debout sous le porche battu par avance
Par cette pluie qui tombe oblique si entêtée à vous toucher
Vous êtes vivante et vous attendez quelqu'un

mardi 15 avril 2008

Energique étincelle

Comme on dit chaque jour suffit sa peine.
A chaque naissance de la lumière suffit sa douleur, son lot de larmes et d'objets brisés, de visages en lambeaux, de regards effacés.
Je me demande souvent comment font les gens pour vivre.
Je me demande souvent ce que le monde serait une fois que tous auraient pris conscience des rivières incandescentes qui roulent sous leurs pieds.
Je me demande souvent si j'ai raison de faire confiance aux hommes.
Je me demande souvent si j'ai raison de me faire confiance.
Et encore plus souvent je cherche cette énergie qui maintient le monde debout. Qui pousse les enfants africains à survivre, les femmes et les hommes à résister à ce qui les oppresse.
Cette énergie qui ferme les blessures.
Cette énergique étincelle fugace et persistante comme un poème.

jeudi 10 avril 2008

Sentinelles

Sentinelles du rêve, endormez vous
Sentinelles à la douleur, quittez votre poste
Il y a ces jours comme une rumeur maligne
L'annonce d'une offensive sur nos fronts

Sentinelles veillez
Redoublez secrètement de vigilance
Ecrivez à vos proches en surveillant les portes
Et tous ces chemins
Et tous ces sentiers perdus sous les châtaigniers

Sentinelles
Gardez contre vous vos fusils dérisoires
Soyez droit dans la tourmente qui vient à pas masqués
Ne pliez que sous le rêve
N'abandonnez que pour d'autres preuves ou d'autres sourires

mercredi 9 avril 2008

A propos de...

La brutalité du jour… et ce n'est pas le matin blafard et pluvieux.
Plutôt
La scie, la lame, la fine aurore glaciale.
L'amour déroule ses barbelés
Pour faire paitre ses troupeaux de certitudes
Avant de les mener à l'abattoir
A genoux nous broutons l'herbe tendre
Quelques branches d'épines nous mettent la gueule en sang