jeudi 31 janvier 2008

Les nuits sont impardonnables…

Tout en lenteur, les images se déplacent, les lumières se croisent. Elles s'attachent, se rejoignent, s'écartent. Le ballet est silencieux, des pas sur une moquette épaisse, ou une bille au creux du coude. Parmi ces fils que l'on peine à lire, se trouve sûrement l'éclat qui nous manque.

Nous sommes bercés. Debouts. Les mondes vacillent. Ce qui nous racle le cœur finit par nous blesser. Je te déposerai dans cette terre, sous la pierre, même si le cercueil est lourd et même si les poignées m'écorchent les mains.

Tu sais, les nuits sont impardonnables.

Où je suis se traînent quelques idées transparentes, de celles que l'on ne peut saisir que tard, quand les oiseaux nichés sur mes épaules se sont endormis. Tu dirais des vapeurs, d'autres des souvenirs. Je ne sais plus exactement leur donner un nom, je me contente de les regarder glisser dans l'espace, s'enrouler dans les volutes de ma cigarette.

L'ombre des grands aulnes, l'odeur des glycines, le bras calme de la rivière, le murmure des rochers, et tant encore sont les soldats d'une armée invisible, prêts pour toutes les conquêtes, pour tous les saluts, prêts à creuser des tranchées dans le ciel, à rouler sur les plages à l'assaut des villes grises.

Tu sais, les nuits sont impardonnables.

Le sais tu, les nuits sont impardonnables.

Aux racines des mots nous sommes attachés. Et même ce latin teinté me ramène aux images.

Et mes mains aussi sont impardonnables
.

jeudi 24 janvier 2008

Passage

Il fait plus froid tout d'un coup.
Autour de moi l'espace est immense. Un carillon perdu dans les arbres tinte en désordre. Quelques notes mélangées se dispersent dans l'épaisseur du monde.

Faut-il creuser la terre ? Faut-il ouvrir ce ciel bas et immobile ?

Ou juste allumer un feu de brindilles.

mercredi 16 janvier 2008

Elle était devenue si légère.

Elle était devenue si légère.
Je crois que l'expression exacte serait "un poids plume". Elle était devenue légère parce que la maladie et l'age l'avaient privée de ses souvenirs et que son corps qui ne réagissait plus comme avant.
Elle était devenue si légère de mots aussi.
Il n'y avait que ses mains qui s'exprimaient, ainsi que ses yeux et son sourire.
Que voulait elle nous dire ces mains maigres et courbées quand nous les prenions dans les nôtres ? Quand nous les sentions se détendre sous la caresse ?
Parfois elle n'avait plus l'esprit de nous dire au revoir. On sentait comme un grand vide en elle, un vide où nous tentions d'exister malgré tout.
Je me souviens, c'est au moment où tout commençait à être de plus en plus dur que nous avons commencé à rouvrir les albums photos. Je me suis dit que j'aurais pu noter ce qu'elle disait. Aujourd'hui je comprends que le plus précieux étaient ces moments passés avec elle, qu'il n'y avait d'irremplaçable que ces calmes milieux d'après midi dans le salon, vers la fenêtre.
Elle me posait si peu de questions ces derniers temps que je m'étais mis à faire les questions et les réponses tandis qu'il y a encore 6 mois, elle m'avait interrogé sur des objets, sur des villes, des personnages. Je ne sais pas si c'était pour elle un moyen de reprendre le dessus ou un réflexe de professeur.

Elle était devenue si légère.
J'aurais presque pu la porter d'une seule main. Je l'aidais à se remettre sur le fauteuil, à s'installer confortablement. J'avais peur de la briser. J'avais peur de la contrarier. Il m'a fallu du temps pour me contenter de poser mes mains sur les siennes, de la regarder. Il m'a fallu du temps aussi pour ne plus venir que pour les médicaments, l'argent ou un robinet qui fuit parce que la panique et la peur me prenaient à chaque fois.

Elle était devenue si légère.
J'aime cette idée de légèreté pourtant. Je pense que cela nous permet de penser à l'essentiel, aux petite choses si importantes que l'on garde avec nous, à tout ce qu'il y a de délicat dans l'être humain, de sensible. Aux choses qui échappent à la pesanteur du temps. Elle était devenue si légère qu'elle est partie sans esclandre, en murmurant, avec l'assurance tranquille des mots que l'on se dit à l'oreille.

vendredi 11 janvier 2008

Epaule transfert and sweet words

Petit con en équilibre sur un morceau de trottoir
Garde ta respiration
Il te la faudra demain
Pour rouler dans les vagues, les ornières et les prisons

Petit âme bleue sous tes soleils trébuchants
Garde tes mains ouvertes
Il te tarde demain
C'est une autre nuit qui tombe doucement

.../...

vendredi 4 janvier 2008

La grotte

Aller chercher les mots et suivre leur sentier repose de la compagnie des hommes. Pas besoin de drogue, pas besoin d'alchimie, pas besoin d'artificiel. Tout cela est quelque part à portée de main.

Qui n'a jamais rêvé d'être un homme préhistorique autour d'un feu à l'entrée de sa caverne ?

jeudi 3 janvier 2008

Bipède à station verticale

Maintenant petits anges et petits lapins se jettent dans les précipices
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Maintenant il faut nager longtemps longtemps
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J'aime le silence austère des camisoles et le murmure des dieux
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Beauté translucid-e veilleuse de vérité
Verse l'acide sur les pupilles animées
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mercredi 2 janvier 2008

mariposas

Et si finalement nous étions aussi tribaux qu'un banc d'huitres en pleine mer, avant d'être des accros cérémonieux ou des acérés bulbitoïdes