vendredi 31 octobre 2008

Autoportrait à la cigarette (j'avais oublié ceci part 2)

J'avais oublié ceci
L'eau sur les vitres, la buée, la surface opaque.
J'ai mis le doigt sur ton visage
Comme pour saisir une ombre brillante,
En prendre le contour d'argent
Et les lignes sages

Tu liras ceci dans la silice et le solide
Couvert de sable et marchant dans la glace
Tu liras ceci à minuit
Ou demain peut être
Quand il fera gris et pale au dessus
D'ici

Tu auras vingt ans
Tu auras le silence à la marge des écrans
Tu sauras le temps et l'espace
Tu sauras bien un jour qu'il ne restera qu'un reflet
Qu'un filet de fumée douce
Qu'une odeur de tabac remontant au loin des poumons

lundi 27 octobre 2008

J'avais oublié ceci

J'avais oublié ceci
L'eau sur les vitres, la buée, la surface opaque.
J'ai mis le doigt sur ton visage
Comme pour saisir une ombre brillante,
En prendre le contour d'argent
Et les lignes sages

Tu liras ceci dans la silice
Couvert de sable et marchant dans la glace
Tu liras ceci à minuit
Ou demain peut être
Quand il fera gris et pale au dessus

dimanche 26 octobre 2008

Hasard...

N'est pas photographe qui veut.
Je le sais.
Je sais trop, à côtoyer l'âme des cargos, qu'on ne fait pas de bonnes photos par hasard. Que celui-ci s'apprivoise. Quand je cherche l'expression juste, je sais que je ne la tiens qu'à force d'impulsions infimes dans mon cerveau, d'associations qui demeurent inexpliquées mais qui suivent une logique.
Le hasard n'a pas de logique.
Depuis que j'ai mon appareil numérique, je prends souvent des photos. Inutiles, gâchées, trop floues, trop sombres, peu importe. Je n'ai que l'ambition de garder ce que j'ai sous les yeux, ce à quoi je participe, de pouvoir un jour peut être en faire ressurgir le souvenir ou me livrer à quelques pérégrinations rêveuses. Je crois que je fais des photos comme je lis un livre, entre naïveté et maîtrise.
Celle qui suit est ainsi. Je la dois au hasard d'un après midi, aux circonvolutions d'un ciel d'automne. Je le dois à ce temps passé en famille, je la dois aussi à la recherche que j'effectue depuis longtemps sur un paysage que j'ai eu mille fois sous les yeux.
Pour une fois j'ai apprivoisé le hasard. Même si au final cela ne donne qu'une image un peu banale, elle existe pour moi...


mardi 21 octobre 2008

Instantanés

Ronger, beaux et heureux, les barreaux des cages bleues.


A force de mer, l'eau n'est plus salée qu'à la peine.


Doux courage au courant d'air, babioles jetées dans l'escarcelle.


Le jardin respire. La terre se soulève. Les arbres la saisissent.


Pour ce lien à refaire et cette vie à reprendre,
A fond de camisole !

jeudi 16 octobre 2008

En passant sur le net

Sur le detroit de Gibraltar, y'a un jeune noir...

Je ne sais plus ce qui est triste et ce qui ne l'est pas. Je ne sais plus ce qu'il faudrait dire, ce qu'il faudrait faire, ce que penser.
Avoir des enfants et mourir pour que d'autres vivent leur vie... Mourir pour la vie d'autrui. Ce qui est normal, disent certains en tant de guerre, et en réveillant le sens du sacrifice ils galavanisent les lignes montant mourir au front...

Mais ici, on meurt pour autrui, simplement à cause de sa misére et de lois...

lundi 13 octobre 2008

Retour

Comme je venais de Devecey, j'ai pris par la voie de contournement, aux lisières de la ville. Je suis arrivé dans la zone industrielle, lentement, sous les arbres dénudés. Une branche était à terre, j'ai senti le bois sec craquer sous les pneus.
J'avais depuis février pris l'habitude : je suis allé directement au fond du parking. A cette heure là, il y aurait encore un peu de place. Je me suis garé le long d'une bordure. Derrière moi, les autres m'imitaient.
La chaleur plombait. Je me sentais comme en juin ou juillet, mis à part les feuilles brunes par terre. J'ai pensé en passant le portail qu'il serait peut être sur l'esplanade, à prendre le soleil avec Nelly. J'ai cherché de loin sa casquette qui masquait son crâne à demi nu, sa haute silhouette un peu voûtée.
Je me suis avancé. Les marteaux piqueurs n'avaient pas cessé du coté de l'extension, même si deux étages s'élevaient maintenant devant la fenêtre de son ancienne chambre, tout au bout.
Des malades se tenaient devant le hall, une cigarette dans la main, la potence de la perfusion dans l'autre. Un gars en fauteuil roulant est passé prés de moi. Il avait la tête prise pas des bandages. Je n'ai reconnu aucun de ceux qui me taxaient des clopes avant.
Au départ, je voulais aller directement vers la porte, monter à l'étage prendre un café. Mais j'avais les jambes lourdes. Comme grippées ou rouillées. Lourdes comme le granit, comme le marbre.
Les fesses contre la barrière, je me suis allumé une cigarette pour masquer les larmes qui montaient, en prenant un soin infini pour ne pas croiser le regard de quelqu'un.

Hôpital Jean Minjoz / le 12 février 08

dimanche 5 octobre 2008

le messager (Conte d'automne )

- Monsieur, monsieur, monsieur…monsieur !
Une voix m'a interpelé. Au début, je n'ai pas cru que c'était pour moi, mais au bout de quelques pas, lorsqu'en regardant autour de moi j'ai vu que j'étais seul dans la rue, je me suis retourné. Une jeune fille s'approchait, à demi essoufflée :
- Excusez- moi monsieur, vous avez perdu quelque chose !
Je baissai les yeux sur ses mains, blanches, longues et fines, fermées sur un objet minuscule.
- Vous êtes sûre que c'est à moi ?
- J'en suis sûre, je viens de le ramasser. Il est tombé de votre voix quand vous avez traversé au carrefour.
La moitié de son visage était caché par ses cheveux, l'autre me regardait. Un autre sourire ondulait quelque part.
Elle ouvrit ses paumes, je tendis les miennes. Une chaleur douce irradia la jointure de mes doigts quand je les refermai à mon tour.
Je la remerciai comme un imbécile. Elle disparut. Puis j'oubliai bientôt mes mots inutiles pour le secret que j'avais perdu.