lundi 13 octobre 2008

Retour

Comme je venais de Devecey, j'ai pris par la voie de contournement, aux lisières de la ville. Je suis arrivé dans la zone industrielle, lentement, sous les arbres dénudés. Une branche était à terre, j'ai senti le bois sec craquer sous les pneus.
J'avais depuis février pris l'habitude : je suis allé directement au fond du parking. A cette heure là, il y aurait encore un peu de place. Je me suis garé le long d'une bordure. Derrière moi, les autres m'imitaient.
La chaleur plombait. Je me sentais comme en juin ou juillet, mis à part les feuilles brunes par terre. J'ai pensé en passant le portail qu'il serait peut être sur l'esplanade, à prendre le soleil avec Nelly. J'ai cherché de loin sa casquette qui masquait son crâne à demi nu, sa haute silhouette un peu voûtée.
Je me suis avancé. Les marteaux piqueurs n'avaient pas cessé du coté de l'extension, même si deux étages s'élevaient maintenant devant la fenêtre de son ancienne chambre, tout au bout.
Des malades se tenaient devant le hall, une cigarette dans la main, la potence de la perfusion dans l'autre. Un gars en fauteuil roulant est passé prés de moi. Il avait la tête prise pas des bandages. Je n'ai reconnu aucun de ceux qui me taxaient des clopes avant.
Au départ, je voulais aller directement vers la porte, monter à l'étage prendre un café. Mais j'avais les jambes lourdes. Comme grippées ou rouillées. Lourdes comme le granit, comme le marbre.
Les fesses contre la barrière, je me suis allumé une cigarette pour masquer les larmes qui montaient, en prenant un soin infini pour ne pas croiser le regard de quelqu'un.

Hôpital Jean Minjoz / le 12 février 08

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