lundi 18 mai 2009

Balades japonaises#04

A l'aéroport, elle fit valider son titre d'embarquement puis se dirigea vers la cafeteria. La serveuse lui versa un café. Elle hésita devant l'air ahuri de Pamela. Celle dernière mit fin à son malaise d'un sourire discret qui marqua son retour à la normale et sécha ses yeux mouillés.
Un jeune homme commanda la même chose. Cette fois encore la serveuse ne compris pas et s'impatienta. Lorsqu'elle entendit « french » elle se détendit.
Elle poussa devant ce nouveau client une tasse, du sucre en poudre, un peu de lait. Il la remercia. Pamela observa à la dérobée. L'homme semblait absorbé par la lecture d'un magazine. Sur la couverture une chevy impala 1958 lui rappela celle du voisin de ses parents.

Elle entendit un instant la grincement de la balançoire, et le bruit du jet d'eau sur la pelouse. Elle sentit un instant le parfum de cookies de sa mère. Elle revit la robe de bal déniché au fond du dressing et les vieilles chansons étrangères qu'elle fredonnait parfois.
Elle posa un billet sur le comptoir et fit le signe qu'elle invitait son voisin. Celle ci leva un sourcil, marmonna un thanks un peu faible et repris sa lecture. Pamela se dit que finalement elle bien mieux toute seule.

Le silence et la solitude...
Elle monta dans l'avion en chantonnant les Tes états d'âme Eric de Luna Parker

Étonnant , non ?


NB : Le pacifique est trop noir
comme tes états d'âme Eric
de vague à l'âme en lame de fond
tu surfs entre ces récifs
mais le courant te ramène vers le macadam Eric

jeudi 14 mai 2009

Balades japonaises # 03 (lose control)

La bière tiède avait coulé sur le tapis. Au milieu des chips écrasées et des cacahuètes en vrac. Les pieds posés sur une boite de pizza refroidie et comme mangée par les vers, je ruminais. J'avais toujours le téléphone à la main. Je l'ai jeté à travers la pièce. Il s'écrasa sur le mur. Un grosse partie de la coque ricocha et tomba sur la chaine stéréo récupérée la mois dernier chez Old smithie avec l'argent de l'Impala.
Elle se mit en route. Je sautai du canapé et lui filai un coup de pied. Elle hurla plus fort. La musique couvrit le bruit de plastique déchiré. Les hauts parleurs démantibulés survivaient...
Je me retrouvai tout au bout, tout d'un coup, à genoux, à Salem avec Enimem. Encore vivant pour un instant.

Étonnant , non ?

NB :Lose yourself in the music, the moment
You own it, you better never let it go
You only get one shot, do not miss your chance to blow
This opportunity comes once in a lifetime yo

mercredi 13 mai 2009

Balades japonaises # 02

Julio posa ses courses sur le comptoir sans voir que l'employée assise sur le tabouret ne l'avait pas vu venir. Il toussota, fit semblant de prendre un paquet de chewing-gum sur l'étagère, mais rien n'y faisait, rien ne semblait la sortir de sa torpeur.
Alors il la regarda fixement. Elle pleurait. Doucement. Comme on pleure et que l'on va, blessé, jusqu'au milieu du désert, dans une Chevrolet Impala 1958 de préférence.
Elle pleurait en écoutant un chanson. Il entendit le bourdonnement de My Immortal de Evanescence dans les écouteurs dissimulés sous ses longs cheveux d'un noir de corbeau...
Sommes nous vraiment de ce monde, se demanda t'il.

Étonnant, non ?

NB : i've tried so hard to tell myself that you're gone
but though you're still with me
i've been alone all along
along along along...

mardi 12 mai 2009

Balades japonaises # 01

La distance était bien entamée, deux ou trois milliers de kilomètres. Deux jours en compagnie du bruit sourd de mon V6, deux jours à ne parler qu'aux étoiles répandues sur le bitume et quelques fantômes croisés dans des cafés déserts.
Depuis longtemps je n'allumait pas la radio. Cela ne servait à rien. Les sifflements de la voiture me suffisaient.
Mais lorsque ma manche accrocha le bouton de l'autoradio tandis que je cherchais mon paquet de cigarettes sur le tableau de bord, une voix de contre-alto s'échappa par miracle des enceintes saturées.
Je passait la cinquième de ma Chevrolet Impala 1958 en montant le son sur I kiss a girl de Katy Perry. Peut être revenais-je au monde...

Étonnant non ?

NB : "I kissed a girl and I liked it
The taste of her cherry chap stick"

work in p.

Malgré tous les raffinements de notre délicate civilisation, le meilleur moyen de découvrir ce qu'est la poésie est de frotter les mots les uns contre les autres, avec le geste appris et deux silex. D'un mouvement bref, tout d'un coup, nous enflammons nos cerveaux qu'à dessein nous avions approchés.

Quelques coups, en dépit de l'expérience, restent malhabiles. La peau pourtant si dure de nos doigts n'y résiste pas et nous soignons alors nos plaies devant des phrases comme

«  la patience poreuse du diamant »
ou
«  car ces lieux sans orgueil »

dimanche 10 mai 2009

Les lieux

Pour tenir les secrets il te faut des corolles bétonnées
pour revoir ces yeux des brises lames d'or doux
des nuits de caresses sur ces cheveux fous
afin de clore cette suite de visages d'un sceau blanc
armes toi d'une patience poreuse comme le diamant
car ces lieux sans orgueil ne se déduisent pas d'une somme....