vendredi 7 mars 2008

ZUP

Hier j'avais 5 ans.
Le monde était plus grand, les immeubles plus hauts. Je ne connaissais pas le prix des choses, je ne connaissais pas le poids des rires. Hier aux Hexagones, hier à la Petite Hollande, hier rue Debussy, hier je n'avais qu'à deviner, on passait sur les routes, on glissait dans les tourbillons, appréhendant la terre qui arrivait à toute allure.
Aujourd'hui le soleil est un peu froid. L'école n'est plus vraiment l'école, il manque des visages et des noms. Les dessins des rues ne me disent rien. Ils sont muets comme mes souvenirs. Il n'y a personne, c'est midi. Des hommes en cottes apparaissent après le déjeuner tandis que les enfants jouent en attendant d'aller en classe. Des commerces déserts ont relevé leurs rideaux de fer. Ça sent la Peuge, le gris, les paupières en bernes, les rêves disparus, le pays si loin. Les femmes aux petits boulots, le LP, la maladie. La grande violence subie, et rejetée parfois, maladroitement.
Pourtant quelque chose bat. J'entends quelque part un cœur énorme. La peau tremble. Le souffle revient. C'est peut être le mien

3 commentaires:

sy! a dit…

J'imagine que tu veux parler de 'quartiers populaires' ?

(oui quand un sigle est usé on le change pour un groupe nominal, il est fort propable que bientôt le vocable SDF, disparaisse également au profit de 'personne à habitat aléatoire'...)

niko a dit…

Comme tu dis...
Que ce soit ZUP ou quartier populaire, le nom est toujours là pour stigmatiser, pour isoler, séparer... S'écrier "il n'y a pas de quartier populaire", c'est anti raisonnable mais sain : pour parler de la réalité on est alors obligé d'en revenir à la vie des gens qui y vivent...

annie a dit…

à la zup,il y a longtemps, il y avait des enfants dans ces rues, de rires, des courses , des jeux; maintenant il y a encore ds enfants dans les maisons, des télés , des ordis; les gens sont là, ...au chaud!...